La démocratie peut se définir comme un système politique où le peuple exerce la souveraineté. La démocratie directe, où le peuple prend lui-même les décisions, n'a que très peu de résonnance à l’époque moderne, du moins à des niveaux significatifs. Pourtant par le passé les exemples ne manquent pas : Athènes, bien sur dans l’antiquité, les villes libres d’Alsace au moyen-âge, mais aussi Venise, Florence, ou même Novgorod dans la lointaine Russie.

- Les démocraties modernes se caractérisent par l'élection par le peuple de leurs représentants : c'est ce que l'on appelle la démocratie indirecte ou démocratie représentative.

Il résulte de cet exercice de la démocratie par élus interposés une sorte de professionnalisation du politique, de dictature des experts. Le fait majoritaire a également pu être contesté dans la mesure où l'avis du représentant élu du plus grand nombre n'est pas forcément le meilleur.

- C'est dans ce contexte que dans les années 60 est né le concept de démocratie participative. Le principe en est simple : il consiste à associer les citoyens à l'élaboration des actions menées dans l'intérêt général. Dans cette nouvelle façon d'appréhender la décision politique les élus mettent en avant un désir de transparence mais aussi et surtout de revitalisation de la démocratie, le citoyen devenant actif, partie prenante dans les débats. D’une part, les décisions qui en découlent n’en sont que plus légitimes ; d’autre part, la démocratie participative permet de lutter contre le désintérêt de la population vis à vis de la politique.

 

En fait, la démocratie participative ne redistribue pas le pouvoir, ou même une partie de celui-ci vers le citoyen, il reste concentré dans les mains de l’élu, et ce n’est qu’un moyen qu’ont les maires de sonder la population pour tester l’appréciation par leurs administrés de certains projets dont ils peuvent penser que la mise en œuvre rencontrerait certaines désapprobations.

- La forme de ce sondage peut être soigneusement élaborée pour faire croire que les décisions sont prises en fonction des désidératas ou des réflexions des administrés. Nous sommes bien la dans le subterfuge et non dans une véritable logique d’exercice direct de la démocratie.

 

Les conseils de quartier, à Vitry le François sont une parfaite illustration de ce simulacre. Le fonctionnement prévoit ainsi que :

- la municipalité présente un ou deux projets majeurs qu’elle conduit : cela n’est pas toujours le cas. Dans les faits, cette étape de présentation est souvent omise. Ainsi, dans le conseil animé par monsieur Charollais, récemment, au centre ville, les points abordés sur les sujets en cours se sont résumés à un cours de lecture du magazine « Vitry ».  Les membres présents ont ainsi pu apprendre que le dossier de la Sonacotra était « difficile et compliqué », ce qui n’éclaire pas réellement sur le projet de la ville. On a aussi pu se rendre compte que les règles de calcul de la municipalité ne suivaient pas toujours celles de l’arithmétique (pourtant l’adjoint à a son actif une brillante carrière dans l’enseignement) : le journal de la municipalité mentionne qu’« il y aura à la médiathèque 15000 m2 de logements (une centaine environ) ». Cela devrait faire des logements de 150 m2… Mais en fait les logements ne feront pas 150m2… et il n’y en aura pas 100. On voit bien que la municipalité ne soumet pas à la discussion ses projets au sein des conseils de quartiers. Et on pourrait répéter ces exemples à l’envi : chemin des Marvis, retard des travaux vers l’Intermarché car durant l’hiver il a gelé et il a plu, etc. D’autres sujets pourtant intéressants pour les vitryats restent sans réponse, comme l’usine photovoltaïque, car l’édile animant la réunion ne fait pas partie du conseil de la communauté de communes…Dommage !

- La seconde partie de ces conseils est la restitution par les référents des réflexions du comité de quartier. A défaut de participer au sein d’un vrai débat aux projets en cours – pour cela il faudrait que les conseils en soient tenus au courant de façon suffisamment précise – cette étape se limite à l’exposé de problèmes de voisinage, par exemple le non respect du sens unique devant le collège, ou bien les camions qui bloquent la rue de la jouette - rue Pasteur : mais que fait la police municipale ? Réponse de notre édile : « elle ne peut pas être partout. Il faut que chacun respecte le code de la route ! »

- Enfin, la troisième partie concerne les questions diverses, avis et demandes des habitants. Et la, les élus font mine de prendre en considération les problèmes personnels de chacun sans y apporter vraiment de solution ou même une simple écoute. Ainsi glanés dans le conseil du centre ville quelques exemples : la question de la situation des trottoirs devant les zones de  travaux s’est vue apporter la réponse que c’est un problème privé, et que la ville n’y peut rien. Le port ? « C’est du ressort de la communauté de communes ». Le plus souvent les réponses sont des fins de non recevoir : « ce n’est pas une priorité », « on n’a pas d’argent »…

 

Il est aisé à qui assiste à ces conseils de comprendre qu’il ne s’agit que d’un instrument piloté par le maire au service de sa démagogie. Les vitryats ne s’y trompent pas puisqu’en décembre 2008, 240 habitants de 8 quartiers ont participé aux conseils. Cela fait 1,6% de la population, ce n’est déjà pas beaucoup… mais ils n’étaient plus que 121 au début 2009 soit 0,8% des vitryats. De quoi faire dire à Thierry Mouton dans le magazine « Vitry » que ce sont « des chiffres prometteurs qui témoignent de l’intérêt de nos concitoyens pour la démocratie participative » (VLF n°1 p.16). Un an plus tard ces chiffres sont encore en baisse.

Peut-être que Charollais qui sait diviser 15000 par 100 pourrait donner des cours de mathématique à Mouton qui ne semble pas très à l’aise avec les pourcentages. A moins qu’on ne leur paie à tous les deux une formation au calcul… sur le budget de formation des élus, bien sur !

 

En bref ces conseils de quartiers ne sont qu’un spectacle destiné à faire croire à la proximité du maire, à sa disponibilité et cela dans le seul but de démontrer son enracinement local dont toutes les études sociologiques montrent qu’il est la condition sine qua none à la longévité politique. Cette imposture masque la triste réalité d’un pouvoir verrouillé, d’une sorte de monarchie municipale où les décisions sont prises de façon arbitraire, sans concertation effective. Cet état de fait n’est pas spécifique à Vitry et a fait l’objet de plusieurs études sociologiques qui vont toutes dans le même sens.

 

Il est intéressant de noter que dans le même temps il devient de plus en plus difficile, voire impossible pour le citoyen de base, simplement intéressé par le fait Politique, d’accéder à un mandat local : il n’est que de constater les cumuls de mandats locaux : maire ou adjoint et conseiller général, régional…

 

Il faut aussi mettre en parallèle la mise en scène soigneusement élaborée par les élus locaux dans le cadre de la démocratie participative (conseils de quartiers, mais aussi les conseils de séniors promis par le maire) et le déroulement d’un conseil municipal : on constate que ce lieu qui est justement celui de la démocratie locale, destiné à la délibération des projets de la cité, devient un lieu où on ne délibère plus. C’est un exercice de style du maire qui ouvre la séance par une réflexion politico-sociologico-philosophique absconse, relayé par les conseillers qui lisent mot à mot les « délibérations » qu’on leur a assignées, sans explication, sans ouvrir le débat, en terminant toujours par la même sempiternelle conclusion : « aussi je vous propose chers collègues, après en avoir délibéré, 1°) de dire que le conseil adopte… ». Or de délibération il n’est point, ce n’est, pour les conseillers de la majorité qu’un silence approbateur et béat, et pour ceux de l’opposition l’occasion de demander quelques précisions lorsque le projet semble trop mal ficelé, trop farfelu, ou trop irréaliste. Précisions qui ne viennent que très rarement d’ailleurs, les réponses des conseillers étant le plus souvent rattrapées par la capacité du maire à manier la langue de bois. Le conseiller rapporteur ne semble jamais avoir préparé les questions auxquelles il pourrait être confronté, parfois même, sa connaissance du dossier est mise en défaut. Il ne ressort en tous cas jamais d’argument objectif à même d’emporter la conviction. La majorité finit par adopter sans trop réfléchir.

 

Voilà donc comment la démocratie participative, fausse démocratie, assure la mainmise du maire sur la conduite des projets qu’il a seul décidé de mener, en excluant de façon redoutable l’avis de ses administrés tout en donnant à croire qu’il les écoute.

 

L’équipe de J’habite Vitry

Bibliographie :

 

 

 

 

 

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