Comment ne pas être écartelés, entre d’une part, les bons sentiments, ceux que nous dicte notre cœur, entre la compassion vis-à-vis de personnes dont la vie est en danger dans leurs pays en guerre, entre cette tradition d’accueil dont s’honore notre pays et qui doit s’organiser au niveau de l’état afin d’accomplir avec honneur notre devoir humanitaire en prêtant assistance aux réfugiés qui fuient les atrocités contre eux commises sur leur sol, et d’autre part, nos capacités propres d’un accueil dans notre ville, qu’il nous paraît plus difficile d’imaginer.  Pourquoi ?

Malheureusement, il est indéniable que le contexte vitryat se présente comme peu favorable à une bonne intégration des nouveaux arrivants :

  • tous les indicateurs sociaux et économiques montrent une situation fragile de notre territoire : une population, une ville durement éprouvée par le chômage, des critères sociaux défavorables (situation reconnue par l’état dans le classement des villes les plus pauvres). Beaucoup de ces indicateurs sont dans le rouge, nous sommes au bord de la rupture.
  • nous sommes éloignés de grandes métropoles dont le dynamisme et la prospérité pourraient nous profiter, les bassins de vie proches (St Dizier ou Châlons) connaissent  leurs difficultés propres.
  • nos moyens sont insuffisants pour répondre aux besoins actuels.

 

Cet état de notre ville rend peu propice la socialisation et donc l’intégration des familles ou des personnes, en ce qu’elles ajouteraient à un niveau déjà très élevé de difficultés de notre territoire, leur propres besoins. Ce sont les réalités de notre société locale, réalités dont il faut tenir compte quant à la décision finale.

 

Pour autant, nous devons couper court aux propos selon lesquels ces populations seraient les rivales d’une pauvreté présente sur le territoire de la commune. Nous devons impérativement désamorcer les propos de certains qui visent à dresser les populations entre elles. Nous devons traiter cette affaire en restant dans l’humain, au sens le plus noble du mot ! Mais aussi lucides et honnêtes,  en disant qu’il existe des conditions préalables pour que notre solidarité est un sens : espérer une intégration des personnes accueillies dans une durée raisonnable.

Si  accueil il y a, il devra se faire de façon la plus digne, avec l’espoir pour ces personnes de se construire une nouvelle vie et dans cette perspective,  le choix des personnes à accueillir implique de tenir compte de quelques points importants : capacité initiale d’intégration, niveau d’autonomie de par leurs parcours personnels (niveau culturel, formation professionnelle, importance de la famille, capacité de mobilité, etc…)

 

Une décision prise à la hâte, dans un jeu de posture, risque plus de provoquer l’incompréhension et le rejet de la part des Vitryats. Nous sommes dans un contexte politique où l’on ne peut pas se permettre de rajouter du trouble, ce ne sont pas les élus qui s’engagent à partager, mais une population, un corps social dont il faut l’adhésion pour que rapidement les réfugiés s’y fondent. Il est nécessaire qu’une concertation soit mise en place avec les différents acteurs locaux pour que la décision prise soit comprise et respectée par le plus grand nombre de nos concitoyens.

La démocratie participative a, dans ces circonstances, toute sa place. Il faut que les élus de la majorité municipale soient de très bons pédagogues pour expliquer leur décision et ainsi convaincre la population de son bien-fondé.

 

Pascal GREENHALGH, Michel BIARD, Jérôme HARLE

 

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